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La renégociation de la dette extérieure de l’Argentine. Expérience valable pour d’autres peuples ?

En octroyant à l’Argentine le plus grand prêt jamais accordé à un seul pays dans son

histoire, le Fond Monétaire International (FMI), sous la direction de Mme

Christine Lagarde, a enfreint sa propre Charte : la plus grande partie de

cet emprunt a servi à financer une fuite massive de capitaux. Aujourd’hui,

Mme Lagarde, directrice de la Banque Centrale Européenne, gère les

750 milliards d’euros que l’UE emprunte sur les marchés financiers

internationaux pour faire face à la crise déclenchée par la Covid-19.



En Mars 2018, alors sous la direction de Mme Lagarde, le FMI octroyait à l’Argentine, à la demande du gouvernement de Mauricio Macri, un prêt de 57 milliards de dollars US, le plus important jamais accordé à un seul pays. Cela malgré une situation économique catastrophique de l’ Argentine à laquelle le marché international de la finance avait déjà «fermé le robinet».

Un an et demi plus tard, en octobre 2019, l’Argentine élut M. Alberto Fernández, nouveau Président de la République. Aussitôt le résultat connu, le nouveau gouvernement demanda au FMI de ne plus envoyer d’argent à l’Argentine. Cette demande ne surprit personne : on savait que la plus grande partie des dollars empruntés par l’Argentine entre 2016 et 2019 -près de 90 % - avait fui le pays. Il était indispensable d’arrêter l’hémorragie sans délai afin de commencer à reconstruire l’économie du pays. Le FMI mit fin à la dernière partie du programme, en « stand by », conclu entre Macri et Lagarde.

La stratégie proposée par le gouvernement actuel du Frente de Todos (FdT) : augmenter les dépenses pour réduire le déficit, peut à première vue paraître paradoxale. Pourtant, elle ne l’est en rien. Comme on le sait depuis les travaux, aujourd’hui classiques, de J. M. Keynes cette politique économique fut la base des 30 années dites « glorieuses » (1945-1975) du capitalisme en Occident. Elle a rendu possible la reconstruction de l’Europe dévastée par la seconde guerre mondiale comme elle a relancé l’économie argentine entre 2003 et 2015. Dans cette même optique elle est de nouveau mise en pratique dans notre pays. C’est le sens du changement de la matrice macro-économique que nous espérons voir appliquée et approfondie par le gouvernement du Frente de Todos pour le bien du pays malgré les écueils de toute sorte solidement ancrés et défendus par une bourgeoisie décadente dont le seul but est toujours la défense de ses intérêts à court terme, dans les secteurs économiques les plus concentrés.

L’objectif est de nourrir le marché interne pour augmenter la demande et d’activer le système productif afin de créer des ressources pour le peuple et l’État, stimulant ainsi l’emploi, au lieu de restreindre les dépenses et d’emprunter afin d’« assainir les comptes » ce qui augmente le chômage. Il s’agit d’augmenter les salaires, d’ouvrir l’accès au crédit et de stimuler l’investissement.

Pourtant, il y a une entrave majeure à la mise en route de ce programme : l’endettement du gouvernement de M.Macri impose à notre pays des remboursements insoutenables et à très court terme. Le calendrier de ces échéances n’aurait pas donné le temps au gouvernement de relancer le système productif et de pouvoir exporter afin d’avoir les devises nécessaires. Il l’aurait donc contraint à entamer une politique d’ajustement structurel et à s’endetter davantage.

Voici pourquoi le nouveau gouvernement s’est mis sans tarder à renégocier la dette. Pour cela il a recruté M. Martín Guzmán, jeune économiste spécialiste de la renégociation de dettes et collaborateur du prix Nobel Joseph Stiglitz. Sous l’optique néo-keynesienne de Messieurs Fernández et Guzmán, chaque dollar renégocié est un dollar gagné pour relancer l’économie.

Dans un premier temps a été négociée la dette envers et avec les créditeurs privés ; après des grands efforts l’Argentine a obtenu de payer 55 de chaque 100 dollars empruntés et de repousser le début des remboursements à 2024.

Maintenant le gouvernement négocie avec le FMI le remboursement d’à peu près 45 milliards de dollars. Celui-ci devrait répondre des fautes légales et éthiques commises lors de la direction de Mme Lagarde. Au vu de la tradition pro-oligarchique dominante dans la justice argentine, l’opinion publique démocratique devrait être alertée de la possibilité d’interventions judiciaires dans le but de « tordre le bras » du pouvoir exécutif dans cet affaire (comme cela est déjà arrivé dans le cas de l’escroquerie géante de l’exportatrice agricole Vicentin).

Dans son article VI, la Charte du FMI interdit que les prêts accordés soient utilisés pour faciliter la fuite des capitaux. Au moment où le FMI a octroyé cet énorme prêt au gouvernement de M.Macri, la fuite massive de capitaux était déjà bien établie. Mais, qui punit le FMI et ses dirigeants ?

Le bloc des sénateurs argentins du FdT, majoritaires du parti de gouvernement à cette chambre, a récemment envoyé une lettre ouverte à l’actuelle Directrice Gérante du FMI, Mme Kristalina Georgieva, en dénonçant les graves irrégularités dont son institution s’est rendue coupable, telles que :


Le gouvernement du FdT a tenu son engagement électoral : « on ne paye pas avec la faim du peuple ». La lettre des sénateurs du FdT signale avec précision et lucidité les fautes du FMI, en insistant sur le fait que tout accord devra d’abord être soumis à l’examen du parlement argentin ; elle fournit ainsi un élément de pression sur la négociation en cours.

Récemment l’Union Européenne a créé un Fonds de Récupération de 750 milliards d’euros destiné à faire face à la crise produite par la pandémie de la Covid-19. Ce fonds sera financé par des emprunts sur les marchés financiers internationaux. Au vu du rôle néfaste de Mme Lagarde dans la gestion de la dette argentine, c’est le moment d’alerter les peuples de l’Europe sur la question de savoir qui gère l’argent que nous tous devrons rembourser.

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